CONSTRUIRE LE PARTI MARXISTE AU SENEGAL

  • LE BLOG DU PIT-SENEGAL
  • VI° CONGRES

En direction du 6ième Congrès du PIT- Sénégal prévu en novembre 2015, nous vous proposons un texte du camarade Ibrahima Sène (sous le pseudonyme de Massaer Diop), datant de 1983, sur la construction du Parti.

Séminaire de formation du PIT en 1983.

CONSTRUIRE LE PARTI AU SENEGAL

CONTRIBUTION AU DEDAT

Par Massaer DIOP

 

Notre camarade Sémou Pathé GUEYE a eu le  mérite d’avoir instauré dans « Gëstu » N° 9, de Septembre 1983, un débat théorique sur la construction du parti marxiste, dans notre pays.

Ce mérite est d’autant plus grand que Sémou a posé, tout haut, toutes les interrogations que se posent tout bas nombre de sénégalais jusque dans nos rangs.

Ce débit est d’une importance capitale dans le contexte politique actuel du Sénégal marqué par la prolifération des partis politiques se réclamant du marxisme donnant l’impression à l’opinion non avertie, d’une division artificielle du mouvement marxiste dans notre pays à cause d’ambitions inavouées et/ou de querelles de personnes.

Cependant, l’ouverture de ce débat au moment où la « Ligue Démocratique » vient publiquement dans une conférence de presse de reconnaître le caractère marxiste de notre parti après l’avoir longtemps nié, peut donner l’impression d’une fausse note.

Avec ce débat, deux approches existent dorénavant autour de la question de la construction du parti marxiste au Sénégal.

La première fut inaugurée par la « Ligue Démocratique » qui estimait que notre parti n’était qu’un ‘’groupe de propagandistes marxistes’’ parmi tant d’autres au Sénégal et qu’il fallait pour construire le parti marxiste s’asseoir autour d’une table pour la fusion de ces groupes de propagandistes.

Cette approche partait de la négation de la nature marxiste-léniniste de notre parti et amena plus tard la « Ligue à s’approcher du PAI-Rénovation de Majemouth DIOP et du « Groupe de Rufisque » pour publier un ‘’manifeste des marxistes sénégalais’’ qui fut très tôt mis de côté à cause de l’impossibilité de la fusion entre la « Ligue » et le PAI-Rénovation. Mieux, le ‘’Groupe de Rufisque’’ a rejoint de nos jours les rangs du pouvoir néocolonial par le biais de ‘’l’appel des 1500’’.

Ce fut le premier échec de cette approche pour la construction du parti marxiste.

La seconde approche, celle de Sémou, part non de la négation de la nature marxiste-léniniste de  notre Parti, mais l’idée de mutation du parti, de « parti de cadres » en « parti de masses » à la suite de sa ‘’massification’’.

Cette seconde approche s’articule autour d’interrogations sur l’adéquation de nos principes actuels d’organisation et de vie, vis-à-vis de la réalité sociale du Sénégal marquée par l’idéologie petite bourgeoise entachée de religiosité et de partriarcalisme, et l’adéquation de notre politique actuelle pour renforcer l’influence politique du parti au sein des masses.

Pour Sémou, la massification permettait à travers un encadrement et une éducation adéquats de renforcer le parti en cadres pour lui permettre de jouer pleinement son rôle d’organisation et de guide de la classe ouvrière comme avant-garde des forces démocratiques et populaires contre le néocolonialisme.

L’approche de la « Ligue » comme celle de Sémou, malgré leurs différences notoires, reposent donc sur une base fondamentale commune : l’incapacité des structures actuelles de notre parti, de son mode de vie, de ses normes pour faire jouer à la classe ouvrière son rôle historique dans les luttes sociales de notre pays.

De ce point de vue, Sémou a fait incontestablement un pas vers la « Ligue ».

Pour éclaircir donc le débat ainsi posé, il semble nécessaire d’interroger l’histoire de l’évolution du PAI au PIT depuis sa création, en 1957.

Car, c’est sur l’appréciation de ce legs historique que repose l’approche tant de la « Ligue » que celle de Sémou.

Dans Jamano 1, la « Ligue » a interprété l’évolution du PAI comme étant le résultat de luttes entre intellectuels petits bourgeois à l’esprit bureautique et aventuriste dans un parti auto-proclamé marxiste par des intellectuels venus de France.

Pour Sémou, le « Parti créé en 1957… et dissout en 1960 n’a pas eu matériellement le temps de mener à bien ses tâches internes d’organisation et de réflexion approfondie sur les conditions de son action »…

« De 1960 à 1978, tout l’effort du Parti était tendu vers la préservation de son existence et de sa sécurité »…

Mieux, « la lutte du Parti, il est vrai, a été conduite dans des conditions politiques qui n’étaient certainement pas les plus aptes à lui donner toute son ampleur et sa pleine efficacité. Pendant toute une période, elle a consisté pour l’essentiel à sauvegarder le Parti de la destruction face à la répression Néocoloniale d’une barbarie inouïe ».

Donc, si pour la « Ligue » c’est la nature sociale du parti qui est en cause, pour Sémou, ce sont les conditions historiques du déroulement de notre lutte qui sont à incriminer.

Cependant, pour l’une comme pour l’autre approche, à des degrés divers certes, il existe néanmoins un défaut d’appréciation correcte de l’évolution du PAI au PIT, c’est-à-dire du processus de maturation organisationnelle et politique de notre parti et de l’affermissement de sa trempe léniniste.

Voilà pourquoi notre contribution à ce débat se compose de deux parties essentielles :

  • L’une consacrée à l’analyse des circonstances historiques de la naissance et de l’évolution du PAI au PIT.
  • L’autre consacrée aux tentatives de réponses aux interrogations actuelles de Sémou.

La première partie cherche donc à  mettre en évidence les possibilités réelles qui existent dans nos méthodes actuelles d’organisation dans notre mode de vie actuel et dans l’expérience du mouvement communiste et révolutionnaire International pour faire jouer à notre parti son rôle historique envers notre classe ouvrière.

D’où le plan suivant :

  1. DU PAI AU PIT OU ANALYSE DU PROCESSUS DE FORMATION D’UN PARTI MARXISTE LENINISTE AU SENEGAL
  2. TENTATIVES DE REPONSES AUX QUESTIONS DE SEMOU
  3. CONCLUSION

 

  1. DU PAI AU PIT OU ANALYSE DU PROCESSUS DE FORMATION D’UN PARTI MARXISTE LENINISTE AU SENEGAL

Le processus de formation d’un parti marxiste-léniniste au Sénégal peut-être divisé en trois grandes périodes dont chacune était confronté à des tâches spécifiques. La résolution de chacune de ces tâches spécifiques à une période donnée a fait naître une nouvelle période avec de nouvelles tâches.

Ce processus d’évolution a été marquée par une intense lutte de classes sur le plan idéologique et organisationnel.

Dans chaque période, le triomphe des principes léninistes sur le plan idéologique et organisationnel a été marqué par des scissions au sein du PAI qui se renforçait ainsi en s’épurant.

L’incompréhension de la nécessité objective de cette évolution marquée de conflits et de scissions dans un pays où les rapports petits bourgeois très répandus a amené certains (le « politicien » et la « Ligue ») à déformer notre histoire et à nous présenter comme des « chasseurs de sorcières ».

C’est pourquoi un rappel historique s’impose afin de jeter toute la lumière sur la nature de notre Parti, son évolution et ses perspectives.

  1. Première période (1957-1960) ou période de démarcation du Mouvement de Libération nationale (M.L.N.) sur les bases de classe

La période de processus de formation d’un Parti marxiste-léniniste au Sénégal débute de la naissance du PAI en Septembre 1957, à Thiès.

Pour mieux appréhender la nature du PAI de l’époque, une analyse des circonstances de son apparition s’impose.

En effet, le Mouvement de Libération Nationale (M.L.N.) connut durant cette période un processus de groupement et de regroupement des forces politiques sur des bases de classe face au problème de l’indépendance.

La première tentative de regroupement eut lieu le 13 Juin  1956, à l’hôtel ‘’Colisée’’. Selon Bakary TRAORE, « les quatre formations politiques : BDS, SFIO, UDS et MPS sont représentées chacune par une délégation de dix membres … La rencontre s’est terminée par un accord de principe, de la fusion de leurs partis, en vue d’une constitution d’un Parti Unique au Sénégal sur la base d’une autonomie d’actions » (cf ‘’Forces Politiques en Afrique Noire’’ page 66).

C’est ainsi qu’en 1957, le Bloc Populaire Sénégalais (B.P.S.) fut constitué par la fusion du BDS, de l’UDS, du MPS ‘’unitaires’’ et du MAC.

De même, en Septembre 1957 fut constitué le Parti Africain de l’Indépendance (P.A.I.) sur la base de la fusion de l’aile de gauche de l’UDS et des représentants du Mouvement Syndical Ouvrier (U.G.T.A.N.) et Estudiantin (F.E.A.N.F.). L’UDS fut créé à travers la fusion des « groupes d’Etude marxiste » créés par le Parti Communiste Français au Sénégal au lendemain de la deuxième guerre mondiale.

Ainsi la naissance du BPS d’une part, et du PAI qui se réclamait du marxisme-léninisme d’autre part, donnèrent naissance à la première démarcation sur des bases de classe du MLN en Afrique de l’Ouest et au Sénégal en particulier face au problème de l’indépendance.

Le processus de création d’un parti marxiste-léniniste à travers la fusion des « anciens groupes d’étude marxiste » de l’aile gauche de l’UDS, des représentants du Mouvement Ouvrier Syndical et de l’Intelligentsia Révolutionnaire (FEANF) était ainsi historiquement entamé.

Ayant perdu de vue cette nécessité historique de la naissance du PAI comme étant le résultat de la polarisation du MLN en Afrique de l’Ouest sur des bases de classe, certains intellectuels se réclamant du marxisme, présentent le PAI comme un « Parti Auto proclamé » par des intellectuels venus de France, comme un « greffon artificiel » dans le corps social sénégalais.

Pareille appréciation traduisait et traduit de nos jours le désarroi de la bourgeoisie sénégalaise comme classe devant l’apparition de cette volonté d’organisation autonome de la classe ouvrière matérialisée par la naissance du PAI.

Le processus de regroupement de la bourgeoisie comme classe face au PAI fut achevé en 1958 avec la création de l’Union Progressiste Sénégalaise (U.P.S.) constituée par la fusion du BPS et PSAS qui regroupait la section sénégalaise du PRA composé par le MSA et le CAF. (cf Bakary TRAORE dans ‘’Forces Politiques en Afrique Noire’’).

Ainsi la classe ouvrière, à travers le PAI, faisait face à la classe bourgeoise, toutes deux naissantes certes, mais existantes tout de même …

Le contenu économique et social que chacune de ces classes donnait à l’indépendance, malgré leur faiblesse due à leur jeunesse, était suffisamment antagonique pour nécessiter pareille démarcation politique du MLN sur des bases de classe.

Une seconde polarisation se produisit rapidement au sein de la bourgeoisie comme classe face aux modalités d’accession à l’Indépendance.

C’est ainsi, toujours selon Bakary TRAORE, que le 20 septembre 1958, lors de la réunion du Comité Exécutif de l’UPS, à Rufisque, se produisit une scission devant le problème du Référendum du 28 Septembre 1958.

En effet, l’aile gauche de l’UPS créa, le 20 Septembre 1958, le PRA-Sénégal avec à sa tête Abdoulaye LY.

Désormais la bourgeoisie sénégalaise se polarisait en deux ailes : l’une dominée par la bourgeoisie politico-bureautique et compradore dans le cadre de l’UPS ; l’autre constituée d’une fraction de la bourgeoisie nationaliste. La première aile était en faveur du ‘’Oui’’ lors du référendum du 28 Septembre ; l’autre rejoignait le camp ‘’Non’’ représenté par le PAI.

Ultérieurement, une autre fraction de la petite bourgeoisie nationaliste créa le Bloc des Masses Sénégalaises (B.M.S.) renforçant le camp ‘’Non’’.

Ainsi dans la scène politique apparut au Sénégal une possibilité historique d’une alliance du mouvement ouvrier sénégalais représenté par le PAI avec l’aile nationaliste de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie intellectuelle.

Cette alliance, dans le cadre d’un Front serait dirigée contre la bourgeoisie politico-bureautique et compradore alliée à l’impérialisme français et trainant au sein de l’UPS une fraction de la petite bourgeoisie nationaliste.

L’antériorité de la démarcation du MLN sur des bases de classe avec l’apparition du PAI et du BPS, puis de l’UPS, rendait historiquement impossible la création d’un Front du type du Parti Démocratique de Guinée (P.D.G.) qui fusionnait dans le cadre d’un Parti Unique le Mouvement Ouvrier Syndical et le Mouvement Nationaliste Bourgeois et petit Bourgeois.

Le seul type de Front historiquement possible dans la bataille pour l’Indépendance fut un Front autour d’un programme commun entre partisans du ‘’Non’’ avec chaque parti gardant sa propre organisation et son Indépendance Idéologique. Le contexte historique de la naissance du PAI posait donc d’amblée à la classe ouvrière sénégalaise la double nécessité de s’affirmer en tant que classe tout en s’alliant avec les forces nationalistes face au colonialisme.

La bataille autour du Référendum du 28 Septembre mettait au premier plan de la scène politique les revendications nationalistes et empêchait le PAI de se consacrer à ses tâches spécifiques d’éducation idéologique et de construction du parti sur les principes du marxisme-léninisme.

Ce fut l’époque où l’agitation autour des mots d’ordre de ‘’MOM SA REW / BOK SA REW et DEFFAR SA REW’’ portaient à son comble la vague du nationalisme sénégalais dans la bataille pour l’Indépendance.

N’ayant ni statut, ni programme, ni règlement intérieur entérinés par un Congrès, le PAI de 1957 à 1960 fut marqué par l’idéalisation des options fondamentales de l’Indépendance et de socialisme du Mouvement Ouvrier Sénégalais en la personne de son premier Secrétaire Majemouth DIOP.

Cette période de luttes fut marquée par des « coptations faciles, des recrutements sur des bases non exclusivement de classe  attirant dans le PAI tout patriote désirant ardemment l’Indépendance de ce pays.

Ainsi donc, les circonstances historiques d’apparition du PAI tout en permettant la classe ouvrière de voir naître son parti d’avant-garde et de s’affirmer comme classe ont enfanté simultanément trois problèmes auxquels le PAI eut à faire face après l’Indépendance à travers une crise de maturation organisationnelle longue et douloureuse.

Ces trois problèmes furent :

  1. La nature du Parti
  2. Les principes d’organisation et de direction
  3. Les qualités de membres de Parti

Ces trois problèmes ont trouvé, à travers une âpre lutte de classes des solutions léninistes dans la deuxième période du processus de formation du parti marxiste-léniniste au Sénégal.

  1. Deuxième période (1960-1972) ou période de triomphe des principes léninistes de Parti d’Avant-garde

Dès 1960, l’ennemi de classe, pour asseoir son pouvoir néocolonial dut interdire le PAI et plus tard absorber totalement (PRA-Sénégal) ou partiellement (BMS) les représentants du nationalisme bourgeois et petit bourgeois.

C’est dans ce contexte de clandestinité et de persécution que le PAI dut affronter les problèmes de sa construction sur les bases léninistes enfantés dans la première période.

Les trois principaux problèmes rencontrés se sont manifestés dans le temps, les uns après les autres, donnant à la crise de maturation organisationnelle du PAI un caractère étalé, de longue durée.

Le premier problème à se manifester historiquement est celui de la nature du parti.

La question était de savoir si le PAI devait être un Parti d’Avant-garde marxiste-léniniste ou un Parti de masse à caractère de front des classes anti-néocoloniales.

Ce problème enfanté dans la première période analysée plus haut, était soulevé par Me Babacar NIANG avec sa « théorie de masque indispensable ».

Il préconisait de dissoudre le PAI dans le BMS afin de s’en servir comme ‘’masque’’ pour gagner les masses au socialisme.

Me NIANG méconnaissait de cette manière les circonstances d’apparition du PAI et la démarcation de classe qui s’est opérée dans le MLN au Sénégal depuis 1958.

Cette crise fut résolue avec l’affirmation de la nature du parti d’avant-garde du PAI et l’exclusion de Me NIANG et de ses partisans.

De nos jours, Me NIANG est membre fondateur du Rassemblement National Démocratique (R.N.D.) fidèle héritier du BMS historique non absorbé par l’UPS.

L’exclusion actuelle de Me NIANG des rangs du RND prouve la faillite historique de cette tactique.

Avec la résolution du problème lié à la nature du parti apparut au-devant de la scène le problème des principes d’organisation et de direction du parti.

En effet, le Ier Congrès du PAI, tenu en 1962 avait adopté pour la première fois dans l’histoire du Mouvement Ouvrier Sénégalais, un programme, des statuts, un règlement intérieur et a élu des instances directionnelles du parti.

Ce contexte nouveau du PAI, après son Ier Congrès posait la nécessité de la collégialité des décisions contrairement à leur personnalisation suite à la persistance de l’idéalisation des options fondamentales d’indépendance et de socialisme en la personne du Premier Secrétaire.

Ce conflit entre le mode ancien et le mode nouveau de direction du parti paralyse ce dernier en entrainant une crise grave dans le parti.

Cette période de crise fut marquée par des moments de ‘’flottements’’, des actions spectaculaires (implantation rurale au Sénégal, etc…). Sous le poids farouche de la répression, le parti faillit succomber.

Cette crise fondamentale dans ce contexte de répression fut surtout aggravée non seulement par les difficultés objectives de la clandestinité mais surtout par le manque de délimitation des frontières du Parti dans la définition de la qualité de membre de celui-ci par le 1er Congrès.

Il suffisait, en effet, d’accepter la discipline, le programme et les statuts du Parti pour en être membre.

C’est dans ce contexte qu’une Conférence Nationale des organisations du Parti tenue en 1967 suspendit le C.C. et le SEPO issus du 1er Congrès et releva le Premier Secrétaire de ses fonctions dirigeantes du parti.

Un Comité Central provisoire fut élu, chargé de redresser le Parti et de convoquer une Conférence Nationale pour préparer le 2e Congrès du Parti.

La majorité des organisations du Parti ont adhéré à ces décisions qui combattait, à l’extérieur, le Premier Secrétaire déchu.

Les décisions de la Conférence de 1967 matérialisèrent la victoire du principe léniniste de collégialité des décisions au sein des instances dans le cadre du centralisme démocratique.

Le PAI venait de franchir une étape décisive dans son évolution organisationnelle avec le triomphe des principes léninistes en matière d’organisation et de direction du parti.

Ce triomphe des principes léninistes au sein du PAI fut couronné par la tenue de la Conférence Nationale du Parti en 1972, transformée en second Congrès d’où sortirent une nouvelle organisation et des instances régulières chargées de la reconstruction du parti et de sa consolidation.

En effet le second Congrès élut un Comité qui choisit en son sein les membres du Bureau Politique (BP) et porta amendement à l’article 2 des statuts issus du 1er Congrès pour délimiter les frontières organisationnelles du parti.

Désormais, il ne suffit plus d’accepter la discipline, le programme et les statuts du parti pour en devenir membre ; c’est la qualité du candidat à l’adhésion au parti.

Pour être membre, il faut en plus de cela ‘’appartenir à une organisation de base du parti et participer activement et régulièrement aux instances de celles-ci’’ (cf article 2 des statuts issus 2e Congrès 1972).

Ainsi le second Congrès de 1972 constitue le parachèvement historique de l’évolution du PAI vers un parti de type marxiste-léniniste.

C’est à la lumière de ces acquis historiques en matière d’organisation que l’on comprend dans toute sa dimension l’apparition de la ‘Ligue démocratique » et plus tard du PAI-Rénovation de Majemouth DIOP.

  1. Troisième période (de 1972 à nos jours) ou période d’affermissement et de consolidation du parti d’avant-garde

Cette période est marquée par trois stades juridiques vécus par le PAI : stade clandestin, stade semi-clandestin et stade légal sous forme de Parti de l’Indépendance et du Travail du Sénégal (P.I.T. Sénégal).

Ces stades successifs matérialisent une lutte acharnée du PAI pour s’affirmer et se consolider face au pouvoir qui cherche sa liquidation en tant que parti d’avant-garde.

C’est dans ce contexte du stade clandestin que des membres du C.C. du Parti se sont constitués d’abord « en tendance ouverte » publiant un journal «Jaamono». Cette ‘’tendance’’ devait donner ultérieurement naissance à la ‘’Ligue démocratique’’ avec de nos jours ‘’vérité’’ et ‘’Fagaru’’ comme organes.

Le prétexte d’apparition de cette ‘’tendance’’ à peine un an après le 2e Congrès de 1972 a été le résultat de la contestation par certains membres du CC du droit du BP de publier une déclaration adoptée par le second Congrès avant d’avoir pris l’attache du CC.

Cette contestation de la compétence du BP par une minorité du CC serait le résultat d’une interprétation tendancieuse de l’article 7a des statuts sortis du 2e Congrès.

En effet, celui-ci stipule : « le Comité Central élit en son sein un Bureau Politique et une Commission Centrale de Contrôle. Le Bureau Politique est une instance dirigeante et délibérative ».

Les partisans de la tendance devenue « Ligue démocratique » prétendaient que seul le CC qui élit le BP était une Instance délibérative, pendant que la majorité des membres du CC s’appuyait sur les dispositions statuaires de l’article 7a pour entériner la décision du BP. S’il y a divergence d’interprétation de telle ou telle disposition statuaire dans un parti marxiste-léniniste, l’on fait appliquer le centralisme démocratique obligeant la minorité d’accepter de se soumettre à la décision de la majorité, ou dans le cas où la majorité ne se dégage pas, s’en référer à la décision des instances supérieures du parti en l’occurrence le Congrès.

Mais s’ériger en « tendance ouverte » sous prétexte de différence d’interprétation constitue une violation inadmissible des principes léninistes en matière de résolution des divergences au sein du parti.

Pour justifier cette position qui bloque le fonctionnement normal du CC dans la clandestinité, la « tendance » se met à nier le caractère léniniste du parti issu du second Congrès de 1972.

Les arguments utilisés pour étayer cette négation furent : « le PAI était absent de la scène politique en Mai 1968 ». « Le PAI se social démocratise », le « PAI veut se dissoudre dans un parti de masse dans le cadre d’un front sans exclusive » ; le « PAI adhère à la théorie de la voie non capitalisme de développement » qui serait une ‘’belle absurdité’’ etc…

De part cette argumentation, la ‘’tendance’’ devenue « Ligue Démocratique » faisait table-rase de toute l’histoire du processus d’évaluation du PAI vers un parti d’avant-garde à travers une lutte sans merci contre la « théorie du masque indispensable », contre la « personnalisation des décisions » et contre le caractère flou des frontières du parti issues du 1er Congrès.

De même la « Ligue » semble ignorer la phase de réorganisation du parti après la Conférence rectificative de 1967 dans la clandestinité avec l’élection d’un CC provisoire qui ne permettait pas au PAI de jouer un rôle d’avant-garde autonome dans les évènements de Mai 1968.

Prendre cela comme prétexte pour nier le caractère marxiste-léniniste du PAI sorti du second Congrès de 1972 relève d’une volonté d’amalgame d’évènements historiques différents.

C’est comme si l’on niait la nature du parti d’avant-garde au parti bolchevick à l’issue de la révolution de 1905.

Dans cette révolution s’est produite, à peine deux ans après, l’avènement du Bolchevisme en 1903 et trouvait ce dernier en pleine lutte pour consolider son organisation.

Cette révolution ne pouvait être par conséquent l’occasion pour les Bolchevicks de jouer leur rôle d’avant-garde dans celle-ci.

La négation de la nature du parti d’avant-garde du PAI conjuguée aux appels pour « construire un parti marxiste-léniniste authentique » à partir de « groupes » se réclamant du marxisme a été une tentative de faire reculer le mouvement ouvrier vers les années 1950 de son existence, et constituait en fait une tentative de liquidation du PAI qui rejoignait parfaitement les objectifs du Pouvoir dans la période.

Que la ‘’tendance’’ devenue « Ligue Démocratique » ait voulu cela consciemment ou non ne change en rien le fait qu’elle rendait objectivement un grand service à l’état néocolonial dans sa tentative de liquidation du PAI.

De nos jours, la publication des statuts de la « Ligue Démocratique » dans « Vérité n* 15 » confirme que le conflit de compétence n’était que prétexte, et que la conception de la nature et l’organisation du parti marxiste d’avant-garde constituait l’enjeu fondamental.

Si le second Congrès de 1972 a tranché ce problème en adéquation avec les principes léninistes en la matière, la « Ligue » résout ce problème en Juin 1981 de la manière suivante :

L’article 4a des statuts stipule : « la L/D est un Parti de la classe ouvrière ouvert à tous les Sénégalais qui acceptent son orientation, son programme, sa discipline et ses statuts ».

C’est un retour à la définition de la qualité de membre du parti issue du 1er Congrès de 1962 et déjà amendé dans un sens léniniste par le 2e Congrès de 1972 du PAI.

L’on se rappelle qu’entre bolchevisme et menchevisme, en matière d’organisation, la question de la qualité du membre du parti a été l’un des points fondamentaux de démarcation.

Il se trouve qu’il en fut de même au Sénégal entre le PAI devenu PIT et la « Ligue Démocratique ».

Le second stade de développement du parti caractérisé par la semi-clandestinité a été le résultat de la « légalisation de juré du PAI » par l’intermédiaire de Majemouth DIOP dans le cadre de ‘’l’ouverture démocratique’’ de SENGHOR.

Le contexte d’alors correspondait à un début de rapprochement du PAI clandestin avec les diverses forces de l’opposition démocratique et nationalistes.

Ce fut l’époque où le Gouvernement refusait de reconnaître le Rassemblement National Démocratique (RND), héritier historique du BMS, et au moment où le PDS entamait une évolution de Parti de contribution qu’il était à sa naissance vers un Parti d’opposition briguant le pouvoir.

Cette reconnaissance du PAI-Rénovation, par l’intermédiaire de Majemouth DIOP, visait un triple objectif : paralyser le PAI clandestin en donnant à Majemouth les moyens de le combattre pour reprendre la direction du parti d’où il a été déchu depuis la Conférence de 1967, affaiblir le PDS en attirant vers ce parti l’aile gauche face aux élections des communautés rurales et désorienter les sympathisants de gauche du RND pour freiner le mouvement de solidarité pour sa reconnaissance.

La lutte engagée par notre parti pour sa survie et sa consolidation lui a permis de réaffirmer sa présence dans la scène politique nationale.

Les divergences organisationnelles entre le PAI et Majemouth DIOP apparurent au grand jour avec la publication des statuts et règlement intérieur du PAI-Rénovation.

En effet, les statuts et règlement intérieur du PAI-Rénovation consacrent la résurrection de l’idéalisation des options fondamentales du mouvement ouvrier sénégalais pour l’Indépendance et le Socialisme en la personne de Maje.

En tant que président du parti, il est selon l’article 5 des statuts « le responsable politique général, chargé des questions d’orientation et de contrôle politique ».

Ainsi à lui seul, Majemouth se substitue statutairement aux prérogatives normalement dévolues aux Congrès et CC d’un parti marxiste.

Cette substitution de compétences en faveur de Majemouth comme base de personnalisation des décisions au détriment de la collégialité est un retour en arrière dans la période 1957-1962 du processus d’évolution organisationnelle du PAI et montre toute la justesse des décisions de la Conférence Nationale de 1967 d’avoir suspendu de ces fonctions dirigeantes ce premier Secrétaire historique.

C’est certainement ce retour en arrière sur le Plan organisationnel qui a rendu impuissante la fraction de la « Ligue Démocratique » qui a rejoint Majemouth DIOP face à la création du Front ‘’SUXXALI REEW MI.

Car après avoir longtemps dénoncé notre Parti de vouloir créer « des fronts organiques avec la bourgeoisie », Moussa KANE, chef de fil de cette fraction s’est aplati devant la volonté de Majemouth d’accrocher son parti à quelque chose.

C’est le reniement total de cette fraction sur toute la ligne.

De même en matière de qualité de membre du parti, Majemouth reconduit comme la « Ligue » les dispositions issues du 1er Congrès de 1962.

C’est certainement cette convergence de conception en matière d’organisation qui explique le rapprochement enregistré dans la période entre la « Ligue » et le PAI-Rénovation par la publication du « manifeste des marxistes sénégalais » qui a abouti à l’intégration d’une fraction de la ligue dirigée par Moussa KANE dans le PAI-Rénovation à travers un compromis sur le sigle.

Cette même convergence expliquerait l’entêtement actuel de la « Ligue » à considérer le PAI-Rénovation comme parti marxiste malgré sa participation avec la bourgeoisie.

L’on se rappelle avec ironie que pour avoir soupçonné notre parti de vouloir un tel front, la « Ligue » nous traita ‘’d’opportuniste’’ et ‘’d’aplatissement derrière la bourgeoisie’’ dans ses arguments servant à nier le caractère marxiste de notre parti.

Si le PAI clandestin veut un tel front, il n’est pas marxiste mais si le PAI-Rénovation participe effectivement dans un tel front. Il est marxiste !!! Comprendre qui pourra dans la dialectique ‘’liguiste’’ en la matière.

Ainsi malgré les tentatives de liquidation du PAI clandestin par l’état néocolonial et malgré la lutte de la « Ligue » et du « PAI-Rénovation » contre notre parti dans sa tactique comme dans sa stratégie et leur négation véhémente de sa nature marxiste-léniniste, notre parti s’est consolidé et s’est renforcé dans la période.

Son audience auprès du mouvement ouvrier et des forces patriotiques et démocratiques de l’opposition s’était considérablement améliorée durant la période.

C’est ce qui a amené l’état néocolonial à tenter une nouvelle fois à nous mettre dans l’illégalité en confisquant notre sigle par voie législative au profit de Majemouth DIOP en profitant de l’élargissement intégral de « l’ouverture démocratique ».

Le PAI-Sénégal réagit rapidement face à cette nouvelle tentative de liquidation en se transformant en Parti de l’Indépendance et du Travail du Sénégal (P.I.T. Sénégal) et en tenant son premier Congrès en 1981.

Les statuts sortis de ce premier Congrès constitutif et le règlement intérieur constituant l’affermissement et la consolidation définitive de l’évolution du PAI vers un parti marxiste-léniniste d’avant-garde.

Même dans les rapports entre Instances qui servirent de prétexte à la « Ligue » pour paralyser le Parti, l’article 35 des nouveaux statuts les définissent de manière à ce qu’aucune ambiguïté ne puisse être décelée.

En effet, le BP applique les décisions du CC qui seul avec le Congrès sont des Instances délibératives. Devant l’échec de cette  nouvelle tentative, le pouvoir néocolonial joue de nos jours la « conspiration du silence » par les médias d’état vis-à-vis de notre parti et la falsification de son influence politique par l’attribution de quotas ridicules ‘’lors des élections du 27 Février 1983’’ pour démoraliser nos militants et détourner l’opinion.

L’activité du parti durant toute cette période post-électorale est parvenue à mettre en échec cette nouvelle tentative et à le rendre plus crédible non seulement auprès de sa base de classe, la classe ouvrière, mais aussi parmi les forces démocratiques de l’opposition.

Ses options tactiques et stratégiques dans la période se sont avérées les plus adéquates et ont affermi son audience auprès de l’opinion.

C’est certainement cette réalité qui a amené la « Ligue » à revenir publiquement à sa négation du caractère marxiste de notre parti lors de sa conférence de presse dernière après l’avoir nié tout le long de son existence.

 

  1. TENTATIVE DE REPONSES AUX QUESTIONS DE SEMOU

 

  1. Selon Sémou, « construire le Parti dans le sens où nous l’entendons aujourd’hui, c’est reprendre dans le contexte nouveau de notre retour à l’activité politique légale le travail là où il a été interrompu par une longue nuit de la clandestinité, reprendre le travail à la lumière de l’expérience accumulée avec ses ‘’hauts’’ et ses ‘’bas’’ pour faire avancer la cause de l’Indépendance nationale et du socialisme.

Cette position de Sémou découle directement de sa compréhension de l’histoire de l’évolution du PAI vers un parti de type marxiste-léniniste d’avant-garde. Car il estime que notre lutte a été une lutte de « suivie » pour garder ce qui était acquis dans des conditions adverses, mais non une lutte permettant l’évolution qualitative du parti pour le triomphe des principes léninistes en matière d’organisation de direction du parti, de tactique et de stratégie.

Voilà pourquoi dans les conditions actuelles de la légalité, le problème principal est de rendre opérationnels les acquis organisationnels et théoriques de notre parti forgés à travers une longue lutte de classe sans merci envers le pouvoir néocolonial et les compagnons de route petit-bourgeois du mouvement ouvrier sénégalais.

Construire notre parti, « c’est aussi, dit Sémou, d’une certaine manière prendre la pleine mesure des obstacles que nous avons à surmonter, des difficultés que nous aurons à résoudre pour « découvrir le chemin des masses » et assurer de la sorte la mutation de notre ‘’parti d’avant-garde’’ en un ‘’parti de masses’’.

Le problème n’est pas de ‘’découvrir le chemin des masses’’ mais de faire jouer à nos structures actuelles ; et à nos militants surtout ouvriers leur rôle d’implantation, de renforcement et de direction de la classe ouvrière et non des ‘’masses’’ en général.

Pour ce faire, il n’est guère besoin de ‘’mutation du parti’’ en ‘’parti de masses’’.

Cependant pour Sémou, les raisons qui militent en faveur de cela viennent de certaines difficultés car ‘’nous voulons construire un Parti Communiste au Sénégal’’ … dans un pays ‘’dont la structure économico-sociale est à dominante agraire petite-bourgeoise, avec une classe ouvrière faible au plan organisationnel et politique’’, dont la conscience est fortement obscurcie par l’idéologie dominante comme combinaison hétéroclite de valeurs patriarcales, d’idées bourgeoises et petite-bourgeoise d’influences religieuses généralement réactionnaires. Un pays où la composante intellectuelle et urbaine de la petite-bourgeoise continue à assumer de fait l’hégémonie dans la vie politique quotidienne etc.

Dans ces conditions de classe ouvrière ne peut jouer son rôle que dans le renforcement du caractère d’avant-garde, du caractère ‘’de cadre’’ du parti marxiste-léniniste pour soustraire cette dernière de cette idéologie dominante.

Lénine ne disait-il pas aux mencheviks que « c’est  à cause de la structure socio-économique de la Russie de l’époque à dominante agraire et petite bourgeoise que la classe ouvrière a un besoin vital d’un parti d’avant-garde ? »

Les autres difficultés qui rendent nécessaire cette ‘’mutation’’ sont le fait que ‘’ce que nous tentons au Sénégal, c’est comme nous l’avons dit plus haut, rappelle Sémou, une expérience de lutte pour l’Indépendance et le socialisme par le moyen d’un parti communiste ‘’classique’’. C’est une lutte d’organisation et mobilisation des masses d’alliances des classes, d’harcèlement du Pouvoir par des batailles démocratiques à la faveur desquelles les masses essaient d’améliorer leurs conditions matérielles, sociales et politiques d’existence tout en élevant leur combativité.

Cependant, l’organisation des masses et leur mobilisation pour des réformes (améliorer leurs conditions) ‘’tout en élevant leur combativité’’ ne saurait être notre option de parti marxiste-léniniste.

Notre option doit être d’organiser la classe ouvrière, la doter d’une stratégie et d’une tactique lui permettant de nouer les alliances de classes nécessaires à chaque étape de la lutte des classes au Sénégal contre le néocolonialisme pour la révolution nationale démocratique dans la voie non capitaliste de développement.

Cette option englobe non seulement des réformes dans le sens dont parle Sémou mais aussi la préparation matérielle de la classe ouvrière et de ses alliées à chaque étape de la lutte des classes à utiliser toutes les formes légales et illégales, pacifiques et violentes (militaires) selon la conjoncture.

Cela suppose de doter la classe ouvrière d’un bras armé capable d’utiliser la violence pour faire face à la violence des classes exploiteuses au Pouvoir.

Toutes les révolutions qui ont réussi dans le monde actuel comme dans l’histoire ont suivi cette option.

Que l’existence du bras armé soit postérieure à la formation du parti marxiste-léniniste de type classique (l’expérience du parti bolchevik) ; où qu’elle soit antérieure à l’existence d’un tel Parti (ex : au Mozambique, en Angola, en Ethiopie et au Congo) ou encore que le bras armé ait rejoint la lutte des masses populaires suite à une crise économique et sociale, sans précédent, ayant entrainé des ‘’mutations de classe’’ à l’intérieur des années cela ne change en rien de la nécessité de rester ferme dans cette option et d’assumer toutes les tâches pratiques qui en découlent.

C’est la seule issue conforme au léninisme de l’impasse actuelle de la ‘’voie démocratique pour le socialisme’’ comme fondement de l’Eurocommunisme actuel.

Et Sémou d’ajouter : « … la réalité c’est que la multiplicité des ‘’groupes marrxistes’’ témoigne de la volonté de l’Impérialisme dans ce pays où le prestige des idées marxistes est une réalité de plonger les masses dans la confusion théorique et idéologique et essayer de détourner leur sympathie à l’égard de notre parti communiste vers d’autres organisations qui leur proposent une marchandise révolutionnaire au moindre coût ».

Pour déjouer cette tactique de l’impérialisme, le problème n’est pas dans le ‘’coût’’ de la ‘’marchandise révolutionnaire’’ ; car nous ferons tout, et nous avons le devoir de le faire, pour minimiser les coûts sociaux et humains des transformations sociales révolutionnaires inévitables à travers une tactique et une stratégie la plus appropriée à chaque étape de la lutte.

Ce qu’il faudrait donc, c’est dégager le coût fallacieux et pervers de ’’ces marchandises révolutionnaires’’ et leur nocivité vis-à-vis des intérêts en jeu de la classe ouvrière à chaque tournant de la lutte des classes pour permettre à cette dernière de mieux se situer afin d’assumer son rôle historique.

Voilà pourquoi l’analyse critique du contenu économique et social des programmes de tous ceux qui se réclament de marxisme constitue un des aspects fondamentaux de la lutte des classes dans notre pays et le gage du renforcement de notre parti dans la classe ouvrière sénégalaise et chez les intellectuels révolutionnaires.

Après ces considérations préliminaires, Sémou interroge : « Comment se libérer des pesanteurs agrairiennes petites bourgeoises de la société pour donner à notre classe ouvrière une conscience idéologique suffisamment claire et élevée capable d’appréhender correctement les responsabilités historiques qui sont les siennes, construire progressivement le rôle dirigeant du prolétariat et son parti d’avant-garde ? »

A notre avis, cela n’est possible qu’en affermissant la trempe léniniste de notre parti dans le développement et la mise en œuvre pratique de notre tactique et notre stratégie issues du Congrès constitutif du PIT.

  1. Quels sont les formes et les contenus de ce ‘’rôle dirigeant’’ dans un pays où les aspirations démocratiques, bien que vivaces, sont pour l’essentiel vécues à travers les normes et les catégories bourgeoises.

La forme et le contenu de ce ‘’rôle dirigeant’’ dans notre pays ne peuvent être autre chose que l’occupation de la première ligne dans la bataille pour la démocratisation jusqu’au bout des institutions et de la vie politique et syndicale de ce pays à travers les normes et catégories bourgeoises.

Lutter pour cette démocratisation jusqu’au bout constitue l’une des voies par laquelle passe nécessairement la lutte pour le socialisme dans la société sénégalaise actuelle.

Cette lutte de nos jours consiste à lutter contre le régime présidentiel actuel du pouvoir personnel pour le retour à un régime parlementaire authentique, la révision du code électoral dans le sens de garantir l’expression libre démocratique et sans entrave du suffrage de ce peuple, l’accès égal à toutes les forces politiques et syndicales organisées aux médias d’état, la lutte pour le transfert des prérogatives des Sous-Préfets au Conseil Rural d’Arrondissement élu démocratiquement sur la base du code électoral révisé etc.

C’est à travers cette lutte que le contenu de classe de la démocratie bourgeoise et de ses normes seront ‘’vécues’’ comme telles par la classe ouvrière et les masses laborieuses et petites bourgeoises des campagnes et des villes.

Cette prise de conscience accouchera nécessairement une autre prise de conscience pour la nécessité d’une autre démocratie au service des classes exploitées à chaque étape d’évolution de notre peuple et de la lutte des classes, et d’autres normes de vie démocratique.

Il n’y a pas d’autres voies pour faire perdre aux masses populaires et petites bourgeoises leurs illusions sur la démocratie bourgeoise et les normes et concepts qu’elle véhicule.

  1. « Comment dans les conditions par définition instables et mouvantes des rapports petits bourgeois dominants, stabiliser notre parti en tant que parti léniniste de type nouveau, c’est-à-dire stabiliser son orientation politique révolutionnaire conséquente, son option idéologique marxiste-léniniste, ses normes de vie et d’organisation ? »

Ce ne sont pas les ‘’rapports petits bourgeois’’ qui dominent dans le Sénégal, ce sont les rapports sociaux liés à la nature sociale bourgeoise des forces pacifiques au pouvoir qui dominent. Les rapports dominants sont bel et bien bourgeois. Ses rapports petits bourgeois sont certes les plus répandus mais non dominants.

C’est pour cette raison que nous ne pourrons stabiliser notre Parti qu’en restant fermes sur nos positions de classe, dans notre idéologie et dans les normes de vie et d’organisation léninistes du parti. Aucune concession ne nous préservera de l’instabilité et de la mouvance des rapports petits bourgeois répandus qui aussi résistent aux rapports bourgeois dominants.

C’est, au contraire, le moyen le plus sûr pour la classe ouvrière de s’enliser pour longtemps dans cette mouvance petite bourgeoise.

Voilà pourquoi quand Sémou dit que : « la base sociale de notre parti est essentiellement petite bourgeoise », il oublie que ce n’est pas parceque, la petite bourgeoise révolutionnaire s’est armée du marxisme-léninisme pour ambitionner de faire jouer à la classe ouvrière son rôle historique, que la base sociale de notre parti soit ‘’essentiellement petite bourgeoise’’. Pour cela, il faudrait que notre Parti se mette au service de la petite bourgeoise comme classe intermédiaire entre les classes capitalistes et ouvrières.

Notre parti a pour base sociale la classe ouvrière et pas d’autres, et les intellectuels d’origine petite bourgeoise en son sein sont au service exclusif de cette classe et pas d’autres.

  1. « Comment mener le combat interne nécessaire contre les tendances et déformations caractéristiques de cette classe (petite bourgeoise) et qui peuvent s’exprimer en notre sein pour la consolidation de notre homogénéité idéologique et politique tout en renforçant autant que possible l’Unité dans nos rangs ? » 

« Comment assurer la plus large expression démocratique au sein du parti sans y installer le laxisme et le libéralisme ? »

Nous ne pouvons atteindre nos deux objectifs d’homogénéisation de notre idéologie, de notre politique et de garantie de l’expression démocratique la plus large tout en conservant l’Unité dans nos rangs et se préservant du laxisme et du libéralisme, qu’en appliquant d’une manière conséquente et systématique à tous les niveaux les principes du centralisme démocratique.

En effet, ces principes stipulent :

  1. La convocation régulière des Instances du parti ce qui permet à tout un chacun de s’exprimer librement et régulièrement sur tous les problèmes de la vie et du travail et de l’orientation du parti au sein de ses Instances.

Un manquement à ces principes de tenue régulière des Instances peut créer des situations conflictuelles dans nos rangs puisque ce sont les seuls lieux d’expression libre et démocratique des militants sur les problèmes du parti et non en dehors de ces Instances.

  1. Soumission de la minorité à la majorité, des instances inférieures aux instances supérieures. Ce principe garantit l’Unité de nos rangs et nous préserve du libéralisme.
  2. Compte rendu obligatoire d’activités des Instances inférieures, de chaque membre de Secrétariat à l’instance à laquelle il appartient et contrôle rigoureux et périodique de la base par le sommet sur l’état d’exécution des tâches. Ce principe nous préserve du laxisme.

La fermeté sur ces trois principes du centralisme démocratique est le seul gage de la préservation de démocratie interne au sein du parti, de l’unité de nos rangs et de l’efficacité dans notre travail d’organisation et de guide de la classe ouvrière pour jouer son rôle d’avant-garde des classes démocratiques et petites bourgeoises dans la révolution nationale démocratique en cours.

  1. « Comment concilier le principe de l’adhésion individuelle et volontaire posé par nos statuts et les mœurs d’une société où le mari se sent reconnu le droit de parler pour sa femme (ses femmes )? »

Le développement de notre Parti et son renforcement à travers les vicissitudes de l’histoire prouve la possibilité de cette conciliation. Il s’agit donc de rester ferme sur nos positions acquises en matière d’adhésion et d’éviter de se laisser tenter par le mythe du nombre dans une société où les survivances du patriarcalisme  et l’emprise de l’Idéologie Islamique sont très ancrées.

  1. « Comment assurer la large participation des femmes du parti à tous les niveaux dans une société qui, en majorité (notamment dans les couches populaires rurales) considère que la place de la femme est derrière ses fourneaux ? »

Si dans le parti l’on considère que la place de la femme est ‘’derrière ses fourneaux, elle ne jouera jamais un rôle quelconque dans le Parti et dans la société sénégalaise à n’importe quel niveau que ce soit. Le Parti cesserait en ce moment-là d’être marxiste.

Par contre si la société et  non le parti considère la femme comme telle, le rôle des femmes d’avant-garde dans notre Parti est de créer des structures appropriées pour mobiliser les larges couches des femmes ouvrières paysannes et ménagères des villes afin de leur faire jouer leur rôle de citoyenne, leur faire assumer leur responsabilité de classe ouvrières, paysannes et de ménagères face à la politique des prix des denrées et services de première nécessité de l’état néocolonial.

C’est le seul moyen de faire participer ces catégories de femmes dans le combat libérateur de ce peuple.

Pour ce faire, l’UDEFS est pour notre parti un instrument privilégié qu’il s’agit de rendre opérationnelle à tout prix avec les moyens logistiques de toutes les organisations du parti.

De sorte que le problème n’est pas de ramener le niveau de conscience des membres (hommes et femmes)) de notre parti au niveau de conscience des larges couches populaires, mais d’élever encore plus haut leur conscience politique et idéologique afin de les rendre apte à amener la conscience de la classe ouvrière au niveau de la ‘’conscience sociale-démocrate’’ comme moyen privilégié d’entrainement de la conscience des larges couches populaires pour la libération de la femme afin qu’elle occupe et joue le rôle qui lui revient dans cette société.

  1. « Enfin, comment dans les limites des moyens dérisoires dont nous disposons, aujourd’hui, desserrer l’étau idéologique impérialiste qui essaie d’étouffer notre voix communiste ? »

C’est en concentrant nos moyens dans l’Education et l’Organisation de la classe ouvrière, surtout dans le secteur où elle est la plus concentrée et en lui faisant jouer un rôle d’entraîneur des classes paysannes et petites bourgeoises urbaines.

Sémou ne s’est pas seulement concentré d’analyser nos réalités et de s’interroger sur le devenir de l’activité du parti face à ces réalités dans les conditions de légalité actuelle, il a aussi tenté de donner des ébauches de réponses à ces interrogations.

C’est ainsi qu’il dit : « Sans tomber dans le culturisme qui érige l’exceptionnalisme en principe méthodologique, mais aussi sans reculer devant aucune exigence pratique et théorique découlant de l’analyse concrète de la situation concrète… » Il faut prendre en compte ‘’la pleine mesure des difficultés’’ que notre contexte culturel particulier nous « oppose ».

« De cela dépend, à l’évidence, le développement de notre influence politique qui est fonction de l’élargissement des bases du parti et de l’étendue de ses liens avec les masses… »

Pour renforcer l’influence politique de notre parti, point n’est besoin d’élargir sa base ; sa base est et demeurera la classe ouvrière. Il s’agit plutôt de mieux renforcer la présence de cette base dans notre parti en recrutant ses éléments d’avant-garde et ensuite, comme Sémou le suggère, à renforcer nos liens à travers eux dans les organisations des masses populaires en faisant jouer à ces éléments leur rôle d’avant-garde dans nos organisations.

Pour Sémou, il faudrait faire évoluer notre parti de ce qu’il est aujourd’hui, un « parti essentiellement de ‘’cadres’’ vers un parti qui, sans rien perdre de sa trempe idéologique et de ses caractéristiques révolutionnaires organisera dans ses rangs à défaut maintiendra sous son influence à cent fois plus de sénégalais désireux de participer activement à la transformation révolutionnaire de la société sénégalaise ».

C’est le processus de ‘’massification’’ du parti et de l’assimilation politique et idéologique des nouvelles recrues pour se doter de nouveaux ‘’cadres’’ à travers la ‘’dialectique du qualificatif et du quantitatif’’.

A notre avis, ce n’est pas la ‘’massification’’, la ‘’mutation’’ du ‘’parti de cadres’’, mais le renforcement de caractère d’avant-garde qui renforcera notre influence au sein des masses en général, et de la classe ouvrière en particulier.

C’est seulement les éléments d’avant-garde de la classe ouvrière et de l’intelligentsia révolutionnaire qui accèdent au parti à travers leur pratique dans la lutte des organisations de masses des travailleurs ; ces éléments d’avant-garde ne deviendront « communistes, que dans le parti communiste ». Etant donné le manque de cadres actuel dont parle Sémou, le débordement par les nécessités actuelles d’encadrement et d’éducation qui se pose déjà dans nos rangs, la ‘’massification’’ ultérieure du parti comme moyens de se doter de cadres révolutionnaires compliquera à souhait le manque de ‘’cadres’’ suite aux besoins nouveaux d’encadrement et d’éducation idéologique engendrés par cette ‘’massification’’.

Le résultat en serait une infiltration beaucoup plus poussée de l’instabilité petite bourgeoise et du laxisme dans nos rangs suite à l’insuffisance de cadres pour mener bien les tâches d’éducation et d’encadrement.

Voilà pourquoi à l’étape actuelle d’évolution de notre parti et en regard des tâches d’encadrement et d’éducation qui se posent actuellement il faudrait renforcer le caractère d’avant-garde du parti en faisant jouer à ses membres et ses organisations et instances différentes le rôle qui leur revient dans les organisations de la classe ouvrière, des paysans coopérateurs et de la petite bourgeoisie urbaine afin d’amener les éléments d’avant-garde de la classe ouvrière et de l’intelligentsia révolutionnaire à venir grossir nos rangs.

C’est à travers ce processus et non le « recrutement massif » des sénégalais que le parti se renforcerait en cadres révolutionnaires suffisamment liés aux masses à travers leurs organisations.

L’acheminement du PAI vers un parti marxiste-léniniste d’avant-garde, le PIT s’est produit sur le plan idéologique, politique et organisationnel.

Le contenu économique que le PAI donnait à l’Indépendance n’a servi qu’à se démarquer vis-à-vis de la bourgeoisie comme classe, mais n’a pas participé au processus de démarcation du PAI vis-à-vis des forces petites bourgeoises infiltrées dans ses rangs à des tournants donnés de son histoire.

Si dans le parti ouvrier social-démocrate de Russie, la démarcation entre bolchevisme et menchevisme et autres groupes se réclamant du marxisme recouvrait d’emblée tous les aspects idéologique, politique, organisationnel et économique, il n’en a pas  été de même dans l’histoire de notre parti.

Le plus grand degré de développement de la classe ouvrière russe de l’époque et de notre état, de colonisé et de néo colonisé doivent avoir été les causes pour lesquelles les questions économiques dans l’organisation du parti marxiste d’avant-garde n’ont pas été parmi les centres de démarcation, d’épuration et de renforcement  du PAI dans son évolution vers le PIT.

C’est de nos jours, après l’affermissement organisationnel du parti d’avant-garde dans lequel règne un monolithisme sans précédent que le PAI, devenu PIT, fait face sur le plan économique aux programmes des autres partis se réclamant du marxisme.

L’analyse critique de ces programmes dans nos organes de presse constitue la première forme de démarcation sur le plan économique du PIT par rapport à la ‘’Ligue’’ et au ‘’PAI-Rénovation’’.

Les études théoriques en cours dans le Parti sur les problèmes économiques et agraires de la Révolution Nationale Démocratique vont servir de base à l’édification d’un programme économique qui, dores et déjà, dans ses grandes lignes renforcent le processus de démarcation entre le marxisme-léninisme révolutionnaire au Sénégal, et l’opportunisme petit bourgeois de droite ou de gauche infiltré dans le mouvement communiste sénégalais.

Le cadre d’un parti marxiste doit être nécessairement lié aux organisations des masses à travers son activité organisationnelle et de direction effective qu’il exerce auprès de ces organisations.

Faute de ces liens avec les organisations des masses, surtout de la classe ouvrière, le « cadre » devient un petit bourgeois qui se targue d’’avant-gardisme et de révolutionnarisme.

Voilà pourquoi il est inadmissible que des militants du parti ne jouent pas suffisamment leur rôle dans les organisations des travailleurs, surtout dans les organisations de la paysannerie dans le cadre des UNIONS des coopératives.

Cala est dû au manque d’éducation politique et idéologique et à l’insuffisance de la perception de leur rôle en tant qu’élément d’un parti d’avant-garde marxiste-léniniste, comme, cadres révolutionnaires devant amener la classe ouvrière à jouer son rôle de locomotive envers les couches populaires paysannes et petites bourgeoises urbaines.

La jonction du mouvement ouvrier sénégalais avec le mouvement paysan coopérateur et avec le mouvement nationaliste bourgeois et petit bourgeois des villes ne peut se faire sous l’égide de la classe ouvrière sans que ces lacunes dans le travail au sein des organisations des masses laborieuses ne soient extirpées pour de bon de nos rangs.

Ces éléments ne sont pas encore ‘’communiste’’ et le parti a le devoir de les rendre communistes en restant ferme sur ses principes de travail et d’organisation et en intensifiant leur formation.

Dans ce sens le retard enregistré dans la publication des cours du parti réactualisés constitue un handicap majeur qu’il faut régler d’urgence pour faciliter les tâches de formation du parti envers ses  membres.

  1. CONCLUSION

Le parti marxiste-léniniste d’avant-garde existe déjà au Sénégal et il est  construit à travers un processus historique qui a abouti à la création du PIT-Sénégal, en 1981.

Voilà pourquoi le renforcement du PIT en tant que parti marxiste-léniniste d’avant-garde profondément lié à la classe ouvrière et aux autres couches populaires passe nécessairement par le triomphe de la théorie marxiste-léniniste sur les questions économiques et sociales dans notre pays.

Perdre de vue cela, c’est oublier que sans théorie révolutionnaire, il n’y a pas de ‘’mouvement révolutionnaire’’ et ‘’sans mouvement révolutionnaire’’ le parti d’avant-garde risque de se scléroser quel que soit sa ‘’massification’’.

L’impasse actuelle dans lequel se trouvent certains partis communistes d’Europe capitaliste en est un témoignage éloquent.

Avec la création du Département Economique et Social près du CC, le PIT s’est doté d’un cadre de travail pour faire face à ce nouveau défi afin de pouvoir amener la classe ouvrière sénégalaise à jouer le rôle d’avant-garde des forces populaires, démocratiques et patriotiques contre le néocolonialisme pour la révolution nationale démocratique dans la voie non capitaliste de développement vers le socialisme.

Il ne reste donc qu’à renforcer le caractère de cadre du parti faisant jouer à ses membres, comme à ses différentes instances leur rôle historique envers  la classe ouvrière sénégalaise.

Pour cela, il faut mettre en pratique le mot d’ordre issu du Congrès constitutif du PIT en 1981 : Construire un Parti de combat et d’initiative.

 

 

Ce 17 octobre 1983

 

MASSAER DIOP

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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